Université Saint-Louis - Bruxelles
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Thèse de doctorat : Jeanne de Brabant (1322-1406), son principat et ses duchés, une femme de pouvoir négligée par l’Histoire ?


Centre(s) coordinateur(s)

Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société (CRHIDI).

Description

Les femmes ayant longtemps, dans l’histoire, été recalées aux foyers et à la procréation, les découvertes de la place dominante et politiquement forte de certaines restent souvent méconnues. En outre, le rôle qu’elles ont tenu, obscurci par des années de relecture des sources orientée par un narratif masculin est encore difficile à appréhender parce que variant au cas par cas et impliquant des explications que les historiens d’aujourd’hui ne sont pas encore capables de donner. Dans ce cadre, les études sur les femmes de pouvoir florissent aujourd’hui, analysant leurs actions politiques, religieuses et sociales, et mettant en scène leurs rôles familiaux, d’intercesseuses ou encore de mécènes.
Le cas de Jeanne de Brabant est particulier en ce sens, car si elle a déjà été abordée par des historiens tels Christiane Piérard, André Uyttebroucke ou Sergio Boffa, aucun d’eux n’a pris le pli d’une étude complète, utilisant uniquement ce personnage pour servir à un autre sujet – les douaires en Hainaut, le gouvernement du duché de Brabant, la guerre en Brabant, les mariages, etc. Ainsi, la duchesse a été décrite par les uns et les autres, sans qu’une réconciliation des différents aspects de sa vie ne soit tentée. Pourtant, la séparation de la vie publique et privée, comme celle des actions politiques, sociales, religieuses et culturelles, est totalement moderne. Il est donc essentiel d’assembler les pièces éparses de la mosaïque qui existe jusqu’ici, pour enfin obtenir une peinture complète de Jeanne de Brabant.

Cette dernière fut mariée deux fois, et se retrouva grâce à ses époux, comtesse de Hainaut, Hollande et Zélande, et duchesse de Luxembourg. Après les décès successifs de ses trois frères, à la mort de son père en 1355, elle hérita des duchés de Brabant et de Limbourg, renforçant sa place de femme de pouvoir au cur du jeu politique de la deuxième moitié du XIVe siècle dans les principautés des Pays-Bas. Relativement indépendante et pourtant coincée entre la France et l’Empire, entre la dynastie des Valois de Bourgogne et celle des Luxembourgeois de Bohême, cette femme qui resta sans enfant toute sa vie dût jouer des convoitises et désirs de conquêtes des uns et des autres pour assurer la gestion des ses duchés autant que sa propre succession. Tout en appréciant beaucoup les fêtes et les jeux d’argent, elle favorisa le développement de la Devotio Moderna dans ses territoires en offrant dons et privilèges aux religieux et religieuses qui s’y étaient établis, tels les chanoines de Saint-Augustin qui s’installèrent progressivement dans la forêt de Soignes à la fin du siècle.
Voici un portrait rapide qui permet déjà d’esquisser un portrait complexe et multidimensionnel de Jeanne, au croisement entre l’historiographie et un très large corpus de sources de tous types : narratives (chroniques nationales et locales), administratives (comptabilités, lettres, privilèges, etc.), sigillographiques et héraldiques, etc. Autant de pistes que de documents qui devraient permettre de mener à bien ce projet doctoral de recherche en histoire des femmes de pouvoir dans les principautés des Pays-Bas au XIVe siècle.

Responsable(s)

BOUSMAR Eric, LECUPPRE Gilles.

Mots-clés

Histoire politique et sociale / Moyen Âge / Pays-Bas bourguignons / Jeanne de Brabant / principauté des Pays-Bas / duché de Brabant.

Chercheur(s)

RUTSAERT Camille.

Collaboration(s)

UCLouvain, Louvain-la-Neuve.